Dossier de presse

 

Dossier de presse du livre

« Prier 15 jours avec st Paul de la croix »

 

 

Sommaire

 

 

 

1.    Saint Paul de la croix : un homme « à tout faire »

1.1.        La dimension contemplative

1.2.        L’œuvre de la prédication

1.3.        La fécondité de la direction spirituelle

1.4.        Le cheminement d’un fondateur

1.5.        La chronologie d’un saint

 

 

2.    La spiritualité passioniste : l’amour fou

 

2.1         La spiritualité passioniste n’est pas un dolorisme : elle est une mystique d’amour

2.2         La famille passioniste en France et dans le monde

 

 

3.    Le P. Philippe Plet : disciple de Paul de la croix

3.1                       De la vie ordinaire à la Passion de Jésus-Christ : quand l’appel trace un chemin

3.2                       Le mouvement spirituel initié par le P. Philippe Plet

3.3    Notre-Dame du Cros : une « Retraite paulicrucienne »

 

 

4.    Prier 15 jours avec st Paul de la croix : esquisse d’un chemin passioniste

4.1    De l’appel à la croix : quinze jours d’ascension vers l’amour absolu

4.2    Les grands disciples de st Paul de la croix

 

 

5.    « Nouvelle Cité » : un éditeur des chemins de Dieu

 

 

 

 


 

PREMIERE PARTIE :

 

SAINT PAUL DE LA CROIX :

UN HOMME « A TOUT FAIRE »

 

(1694 – 1775)

 

1.1.        La dimension contemplative.

 

 

 

« Moi, Paul-François, (…) passant vers le soir par la rivière de Gênes, je vis une petite église située sur une montagne au-dessus de Sestri, et appelée la sainte Madone du Gazzo. En la voyant, j'éprouvai un désir sensible de me fixer dans cette solitude ».

 

 

 

Paul de la croix est un contemplatif. Il est d’abord un contemplatif. Un chercheur de Dieu.

Dès le tout début de sa vie consacrée, Paul choisit la vie contemplative. Pour pouvoir se tenir sans limitation en la présence divine, il recherche solitude et silence.

A 26 ans, il reçoit des mains de son évêque l’habit d’ermite.

Dépendant directement de l’évêque, et vivant dans des lieux retirés, l’ermite est souvent le gardien de petites chapelles rurales. Il n’est pas forcément prêtre : Paul ne l’était pas alors.

Jusqu’en 1741*, date à laquelle il deviendra un « religieux », Paul vit sa vocation d’ermite en compagnie de son frère Jean-Baptiste**.

La vocation érémitique est proprement un appel à la contemplation selon les voies chrétiennes. En 1728, Paul se fixe dans un ermitage du mont Argentario. (magnifique presqu’île de la côte méditerranéenne, à 150 km au nord de Rome, qui domine majestueusement la ville d’Orbetello).

La vocation de Paul est hautement contemplative : prière, méditation de la Bible, récitation quotidienne du bréviaire et oraison rythment sa vie au Mt Argentario.

L’oraison est une prière du cœur, sans considérations intellectuelles ; une prière toute affective. Elle est un cœur à Cœur avec Jésus.

Comme point de départ de son oraison, Paul prend toujours une méditation de la Passion de Jésus. Pour Paul, la Passion de Jésus est la plus grande manifestation de l’amour divin. C’est dans cette forme de prière qu’il trouve « tous ses délices ».

L’accompagnement spirituel, autre dimension importante de la vie érémitique, devient très vite pour lui un véritable charisme de direction spirituelle.

Une fois par semaine, il quitte sa solitude pour se rendre dans un village de pêcheurs, où il fait le catéchisme aux enfants et exhorte les adultes.

 

Ainsi, expérience et partage des valeurs contemplatives représentent le premier aspect de la vocation de Paul de la croix.

Jusqu’à sa mort, il ne cessera de demeurer fidèle à ce charisme.

 

 

 

 

« Lorsque l'âme goûte de rester en silence amoureux, il faut l'y laisser et, pendant ce temps, boire à cette source divine les eaux très saintes de la grâce, qui jaillissent de ce Cœur ».

 

 

 

* date de l’approbation de sa congrégation par le Pape.

** qui devient lui aussi ermite en 1721.

 

 

 

1.2.        L’œuvre de la prédication.

 

 

 

 

« Une des principales fins de cette humble congrégation est non seulement que les frères s'adonnent eux-mêmes avec un zèle inlassable à la sainte oraison, afin de s'unir à Dieu, mais qu’ils conduisent aussi notre prochain à cette même union en l'instruisant, par une méthode aussi accessible que possible de cet exercice si évangélique. Les frères de cette congrégation …  devront apprendre de vive voix aux gens à méditer sur les divins mystères de la très sainte vie, Passion, et mort de Jésus notre bien véritable ».

 

 

 

 

Paul de la croix est aussi un prédicateur né. Dès sa jeunesse il prêche aux adolescents de son âge, dans le cadre d’une confrérie où il est élu « prieur » (animateur). Tout au long de sa vie, il haranguera les foules avec grand succès.

A Castellazzo, alors qu’il n’est pas encore prêtre, il est autorisé par l’évêque à prêcher publiquement durant tout le carême et Pâques, moment fort de l’année, où l’on appelle les prédicateurs les plus renommés, et où seuls les prêtres sont habilités à parler publiquement de la foi.

On comprend dès lors combien devait être sûre la formation théologique initiale de Paul.

Jusqu’à son ordination en 1727, il est « exceptionnellement autorisé » à prêcher dans les divers diocèses où il réside.

A partir de 1730, il pratique systématiquement les missions paroissiales.

Telle est la forme de son apostolat ; celle qu’il transmettra à sa congrégation.

En quoi consistent ces missions paroissiales ou populaires ?

Ce sont des catéchèses et des enseignements proposés par des religieux (sur la demande d’évêques ou de curés) auxquels assiste toute la population (clergé en tête).

Le « plus » de Paul : chaque jour, à la fin de son enseignement, il propose une intense méditation de la Passion.

Le secret de l’efficacité de ses prédications résidait dans l’ivresse amoureuse de son cœur.
Son amour de Dieu était si grand qu’il parlait avec une vérité profonde du bien comme du mal, sans se laisser paralyser par les convenances sociales de son temps.

Ni impressionné par les riches, ni aveuglément apitoyé par les pauvres, il était en mesure d’aider les uns et les autres à se détacher d’un trop grand amour de soi, afin d’offrir à tous la libération qu’opère l’amour divin.

 

 

1.3.        La fécondité de la direction spirituelle.

 

 

 

La direction spirituelle est pour Paul le prolongement logique de ses nombreuses missions. Ses discours enflammés soulevaient toujours l’enthousiasme.

Après, il appartenait à chacun de choisir :

. laisser retomber le feu qui s’était allumé dans leur cœur, et le noyer dans les plaisirs et les problèmes de la vie ordinaire ;

. conserver les grâces reçues et les faire fructifier.

Pour certains, le choc était si fort, ils étaient si touchés, qu’ils décidaient de faire graviter leur vie entière autour de Dieu.

C’est parmi cette dernière catégorie que Paul recevait de Dieu les âmes qu’il devait initier au mystère de l’amour éternel. Hommes ou femmes, prêtres, religieux ou laïques, mariés ou célibataires, seul les distinguait  leur « oui » inconditionnel à Dieu!

On évalue à environ 40 000 le nombre total des lettres de direction écrites par Paul de la croix. Il n’en reste aujourd’hui qu’un peu plus de deux mille. Si l’on ajoute le grand nombre d’entretiens qu’il pouvait avoir avec ses dirigés, on comprend combien était important pour lui cet apostolat.

Les lettres de Paul nous ont conservé ses plus beaux textes. La profondeur de sa doctrine spirituelle, approfondissement des enseignements qu’il donnait au cours de ses missions, fait de lui l’un des plus grands, voire le plus grand mystique et directeur spirituel de son temps.

 

Très homme, Paul de la croix laisse facilement son cœur se prendre d’amitié pour ceux qu’il dirige. Très divin, il ne perd jamais de vue dans ses directions la verticalité pure de la foi

 

Cette ambivalence se reflète merveilleusement dans sa correspondance avec sr. Colomba Gandolfi, moniale clarisse avec laquelle il entretint une belle amitié spirituelle. Ces deux tempéraments passionnés se heurtent parfois, et Paul apparaît un peu démuni face au cœur jaloux de Colomba :

 

 

L’homme :

« Or pourquoi dites-vous que je suis changeant? Pourquoi dites-vous que maintenant je vous laisse pour prendre l'autre ou que je laisse l'autre pour vous prendre vous? Quel langage de servante de Dieu est-ce là? Quand ai-je donc fait de telles choses? Qui est-ce que je dirige? Quelle est-elle cette autre que j'ai prise en vous laissant » ?

 

 

Mais bien vite la verticalité reprend ses droits :

 

 

Le divin :

« Je voudrais que vous laissiez ces craintes, dont vous me parlez, disparaître dans la mer de l'amour. Et si malgré cela elles touchent la partie inférieure, perdez-les de vue en fuyant dans la solitude, dans le sein de Dieu, dans le sein de l'Amour Adoré ».

 

 

 

 

1.4.        Le cheminement d’un fondateur.

 

 

 

 

« Quelquefois, il me vint aussi la pensée de réunir des compagnons pour vivre en communauté et promouvoir la crainte de Dieu dans les âmes: c'était là mon plus ardent désir. Je ne tenais pas compte de ce projet de réunir des compagnons, et cependant il restait fixé au fond de mon cœur ».

 

 

 

 

Entre 22 et 24 ans, Paul Danei reçoit les premières grâces de l’appel. Peu de temps après avoir reçu dans son cœur le désir irrésistible de la vie contemplative pour lui-même, il perçoit un autre désir céleste, celui de réunir des compagnons autour de lui.

Au cours d’une retraite de 40 jours, qui inaugure sa nouvelle vie, il est poussé à écrire la Règle de sa future congrégation. Il la présente à l’approbation de son évêque. Mais celui-ci refuse de se laisser convaincre. Il accepte cependant de donner l’année suivante l’habit d’ermite à son frère Jean-Baptiste.

Paul n’aura pas d’autres compagnons !

Débute alors une série de tentatives diverses qui le conduiront finalement en 1728 à s’établir avec son frère sur le mont Argentario.

Sa persévérance et sa réputation de sainteté finiront par triompher des obstacles : le pape Benoît XIV approuve la Règle de Paul en 1741.

C’est la période d’expansion !

Paul doit trouver des bâtiments pour accueillir les vocations que le Seigneur ne cesse dès lors de susciter. Ce sont souvent de petits ermitages en très mauvais état, qu’il faut presque reconstruire et qu’il faut agrandir. Les conditions de vie des premiers disciples de Paul relevaient vraiment de l’héroïsme !

 

Au début de l’année 1748, une grande épreuve vient menacer la congrégation naissante : l'opposition des ordres mendiants (surtout les franciscains) contre les passionistes. Le différend porté auprès du Saint Siège se conclut, le 7 avril 1750, par une sentence positive en faveur du nouvel institut. Durant ces années 48-50, tout développement de la congrégation fut rigoureusement suspendu.

 

Une autre crise, interne cette fois, vient éprouver le fondateur : l’échec de ses démarches en vue de l'élévation de la famille passioniste au rang d'ordre religieux, avec voeux solennels. Certains religieux y sont opposés, afin de pouvoir sortir plus facilement de la congrégation, dont le mode de vie est jugé trop rude. A la fin de l'année 1760, le fondateur dénonce cette crise interne, due selon lui à l’affadissement de l'élan religieux initial. Son influence spirituelle ne sera pourtant pas entamée.

Régulièrement, et malgré ses vigoureuses protestations, il est confirmé par vote comme supérieur général. Il en sera ainsi jusqu’à sa mort.

En 1771,  il réalise la fondation d’une branche féminine : les moniales passionistes.

 

 

1.5.        La chronologie d’un saint.

 

 

 

 

3 janvier 1694: Paul François Danei naît à Ovada. Il est le fils de Luchino, commerçant, et Anna Maria Massari ; et l’aîné d’une famille de 16 enfants, dont seulement 6 survivront après l’enfance.

1695: naissance de Jean-Baptiste Danei, second enfant et compagnon durant toute sa vie de Paul de la croix. Durant son enfance et son adolescence, Paul fait des études scolaires et religieuses d’un niveau rare pour son époque.

Été 1713: c’est la «conversion» de Paul. Il reçoit une grande illumination et décide de se vouer totalement à Dieu.

22 novembre 1720: Paul est revêtu de l’habit de pénitence des ermites, par Mgr. Gattinara, son évêque. Il commence alors une retraite de 40 jours dans une pièce située dans l’église de st Charles. Là il rédige la Règle de sa future congrégation, ainsi que son «Journal spirituel», joyau de sa spiritualité contemplative.

Août - octobre 1721: voyage de Paul à Rome et vaine tentative pour obtenir une audience auprès du pape en vue de l’approbation de la Règle du nouvel institut. Déçu, mais non découragé, il se rend à la basilique de ste Marie Majeure, où il fait le voeu de propager la mémoire de la Passion de Jésus. Il se sent attiré par le mont Argentario, et obtient de l’évêque la permission de s’y établir.

28 octobre 1721: son frère Jean-Baptiste est revêtu du même habit que Paul et s’engage avec lui dans la vie consacrée.

21 mai 1725: en l’église de la Navicella, Paul reçoit oralement la permission de réunir des compagnons du pape Benoît XIII.

7 juin 1727: Paul et Jean-Baptiste sont ordonnés prêtres par le pape dans la basilique st Pierre.

Mars 1728: retour au mont Argentario, où ils vivent dans un pauvre ermitage dédié à st Antoine. Petit à petit une communauté religieuse se constitue ; en 1730, elle réunit 7 personnes.

1730: mission paroissiale de Paul et Jean-Baptiste à Talamone et conversion d’Agnès Grazi. Projet de construction d’une Retraite, dédiée à la Présentation de Marie au Temple, sur l’Argentario.

14 septembre 1737: inauguration de la première Retraite de la congrégation.

13 mai 1741: le pape Benoît XIV approuve la Règle de la nouvelle congrégation, mais pas encore la congrégation elle-même.

1743: mission de Toscanella et début de la correspondance avec sr. Gandolfi.

Mars 1744: ouverture des Retraites de Vetralla et de Soriano (st Eutizio). Paul s’installe à Vetralla.

18 avril 1746: approbation de la congrégation, en tant que telle, par «Bref» pontifical.

 1748: ouverture des Retraites de Ceccano et de Tuscania (Cerro).

1748-1750: coalition de plusieurs ordres mendiants contre la congrégation passioniste. Un procès est ouvert à Rome. Victoire des passionistes.

1751: ouverture de la retraite de St Sosio à Falvaterra.

1752: ouverture de la retraite de Sainte Marie Addolorata à Terracina.

1755: ouverture de la Retraite de Paliano.


 

1758: ouverture de la Retraite du mont Cavo. Entre avril et août, se fait jour puis disparaît la possibilité de la première mission à l'extérieur du pays.

1758-1760: ultime tentative pour l’obtention des voeux solennels.

1760: réponse négative du Saint-Siège concernant la demande d’accès aux voeux solennels pour la congrégation passioniste. A la fin de l'année, par une lettre adressée à l’ensemble de ses religieux, le fondateur dénonce une crise interne en cours, due à l’affadissement de l'élan spirituel initial.

1761: ouverture de la Retraite de st Joseph pour les novices, sur l’Argentario.

1764: Thomas Struzzieri est le premier passioniste à devenir évêque.

30 août 1765: mort de Jean-Batiste à Vetralla. Paul l’assistera.

Novembre 1766 - mai 1767: visite aux Retraites du sud de Rome. C'est pour Paul un triomphe populaire.

1769: ouverture de la Retraite de Corneto (aujourd’hui Tarquinia). Élection du pape Clément XIV. A la demande du pape, Paul s’installe définitivement à Rome.

16 novembre 1769: le pape concède une nouvelle et plus solennelle approbation de la congrégation.

29 mars - 9 mai 1770: dernier voyage à Tarquinia et à l'Argentario. Paul visite le monastère destiné à ses moniales. 30 septembre: rescrit d'approbation des Règles des moniales.

3 mai 1771: ouverture du premier monastère des moniales passionistes à Tarquinia. Paul ne pourra participer à l’inauguration.

1773: Le pape donne à la congrégation de Paul de la croix la maison de st Jean et Paul au mont Celio à Rome. Cette Retraite devient le siège du supérieur général.

18 octobre 1775: mort à Rome de Paul de la croix, à l’âge de 81 ans.

1777-1779 : Procès ordinaires (de canonisation).

1786: Première biographie écrite par Vincent Marie Strambi.

1793 - 1803: Procès apostoliques (de canonisation).

1821: Déclaration de l'héroïcité des vertus par Pie VII.

1er mai 1853: béatification par Pie IX.

29 juin 1867: canonisation par Pie IX.

 

 

DEUXIEME PARTIE :

 

LA SPIRITUALITE PASSIONISTE :

L’AMOUR FOU

 

2.1.                    La spiritualité passioniste n’est pas un dolorisme : elle est une mystique d’amour.

 

 

 

L'Amour est une vertu unitive et fait siennes les propres peines du Bien-Aimé. Si vous vous sentez toute pénétrée, de l'intérieur et de l'extérieur, des peines de l'Epoux, alors faites fête. Mais je puis vous dire que cette fête se vit dans la fournaise du divin Amour, parce que le feu qui pénètre jusqu'à la moelle des os transforme celui qui aime en l'aimé, et, mélangeant selon un mode très haut l'amour avec la douleur, la douleur avec l'amour, il se fait un mélange amoureux et douloureux, mais si uni, qu'on ne distingue ni l'amour de la douleur, ni la douleur de l'amour, au point que l'âme, aimant, jouit dans sa souffrance et fait la fête dans son amour douloureux ».

 

 

 

 

Personne ne conteste que les récits de la Passion de Jésus Christ, tels que les évangiles nous les livrent, soient la description d’une mort tragique. Si l’on considère que la lecture et la méditation de ces récits constituent en soi une attitude doloriste, il faut en ce cas admettre le « dolorisme » comme un trait fondamental du christianisme. Pour s’en libérer, il faudra donc cacher la mort de Jésus, comme on cache les morts dans les hôpitaux pour ne pas avoir chez soi le spectacle « doloriste » de la condition humaine …

 

Ni Paul de la croix ni ses contemporains n’avaient à surmonter une telle angoisse. Familier de la maladie et de la mort (en une époque où la médecine était incapable même de soulager efficacement), le sens de la Passion subie par Jésus (et non la Passion elle-même)  était pour Paul le motif d’un émerveillement constant. Certes, les tortures subies par Jésus étaient le point de départ de sa méditation : il se tenait en esprit au pied de la croix. Mais il s’y tenait à la manière du petit groupe réuni autour de la Vierge Marie : avec un cœur aimant.

 

Paul de la croix pouvait dès lors accéder au secret d’amour de la Passion : la mort de Jésus est à contempler en tant que mort d’amour.

 

La considération du scandale du mal ne doit pas être détachée de Dieu. En acceptant de voir le mal déferler sur lui, Jésus le transfigure, et lui communique un sens inédit. Ce « scandale », sans être annulé, permet aux hommes un dépassement jusque-là impossible.

 

L’amour est à la fois le moyen et le terme de cette divine transformation intérieure qu’opère une méditation assidue de la Passion.

Dans une mystique d’amour, aucune des formes du dolorisme n’aboutit !

Certaines pathologies mentales, prenant la forme du « délire mystique », nous montrent au contraire le spectacle attristant de personnes incapables de dépasser l’obsession de leur culpabilité, et se sentant « justement châtiées » par un destin privé de toute référence à l’amour.

Or, Dieu seul a le pouvoir d’apporter l’amour au milieu des ténèbres du mal. Telle est la marque de sa divine présence transformante dans notre monde ! Telle est la force de la spiritualité passioniste.

 

 

2.2.                    La famille passioniste en France et dans le monde.

 

Congrégation passioniste dans le monde :

. 2 229 religieux  et 372 religieuses contemplatives

. 57 pays et 74 provinces

En Europe :

. 1023 religieux et 237 religieuses contemplatives

Les trois premiers pays en nombre de religieux en Europe : Italie ; Espagne ; Irlande

 

Comme le souhaitait Paul de la croix, la congrégation Passioniste, qui compte environ 2229 religieux, est présente aujourd’hui sur tous les continents : au total dans 57 pays. C’est en Europe cependant que les passionistes sont les plus nombreux.

 

En France.

La province religieuse française fut la première à être fondée hors d’Italie, au XIXe siècle : ce fut l’œuvre du bienheureux Dominique Barberi. Passé en Angleterre, c’est lui qui reçut le cardinal Newman dans l’Église Catholique. Ce dernier cherchait une preuve de l’existence de la sainteté chez les catholiques. La Providence divine lui présenta ce religieux humble et fervent, entièrement façonné par la méditation de la Passion de Jésus-Christ.

Le concile Vatican II est une balise dans l’histoire de l’Eglise du 20ème siècle. Il marque approximativement, pour bien des instituts religieux, le passage à un mode de vie et à une présence au monde très différents de ce qu’ils étaient auparavant. Il en va de même pour les passionistes. Ainsi, les missions paroissiales cessèrent en France, comme dans de nombreux pays d’Europe, ce qui obligea les passionistes à trouver d’autres moyens pour faire partager leur spiritualité.

La relecture de la Règle léguée par Paul de la croix se réalisa au cours des années 1970, et trouva son expression officielle dans les « Constitutions », approuvées par le Vatican en 1984.

Le nœud de la spiritualité « relue » par la congrégation, consiste en l’affirmation d’une « option préférentielle pour les pauvres et les crucifiés d’aujourd’hui ».

Ces expressions génériques soulignent la primauté que l’on a voulu accorder aux œuvres sur les enseignements de la spiritualité de la Passion proprement dits.

La mentalité post-conciliaire est en effet caractérisée par un dualisme qui oppose (de façon artificielle) la doctrine de la foi aux oeuvres caritatives, et la contemplation à l’action.

C’est dans l’effervescence de ce climat ecclésial que les passionistes français s’inscrivirent. Beaucoup devinrent curés de paroisses, d’autres devinrent prêtres-ouvriers.

Les Retraites traditionnelles chères à st Paul de la croix, situées en des lieux solitaires, furent vendues pour être remplacées par des logements situés dans les villes. Les activités nouvelles des religieux, favorisant la vie hors des communautés, firent décliner l’aspect contemplatif du charisme passioniste originel.

La congrégation est formée de « provinces ». Chaque province englobe une aire géographique déterminée réunissant un ensemble de communautés passionistes. Les religieux d’une province élisent pour 4 ans un supérieur, appelé « provincial ». Le collège des provinciaux élit pour 6 ans un supérieur général de la congrégation, appelé « général », et qui réside à Rome. Le général actuel est le P. Ottaviano d’Egidio. Le provincial français est le P. Guy Sionneau, résidant à Champigny sur Marne.

Mais la famille passioniste ne s’arrête pas aux seuls religieux. Il existe 8 congrégations de religieuses passionistes apostoliques, ayant chacune sa spécificité, dont une présente en France. De plus, en France 4 monastères abritent des moniales passionistes (religieuses contemplatives). Enfin, plusieurs groupes de laïques vivent en France de la spiritualité de st Paul de la croix.

 

 

 

TROISIEME PARTIE :

 

LE PERE PHILIPPE PLET :

DISCIPLE DE PAUL DE LA CROIX

 

 

3.1.De la vie ordinaire à la Passion de Jésus-Christ : quand l’appel trace un chemin

 

 

 

« Le monde s’offre à nos yeux dans sa composition multiple de joie et de peine, de beauté et de laideur, d’enthousiasme et d’ennui, de justice et d’injustice, de richesse et de pauvreté, de force et de faiblesse, d’amour et d’indifférence. La question à laquelle semble nous inviter inlassablement cet étrange édifice de la vie, est celle du principe qui ordonne et qui justifie tout ce vaste déploiement de sensations et d’états d’âme ». P. Philippe Plet

 

 

 

Très tôt, Philippe Plet est fasciné par la question de la vérité. Le problème du mal dans le monde lui paraît exiger un dépassement du simple fatalisme. Pendant plusieurs années, passant d’une discipline à une autre -de la physique à la littérature, de la biologie à la philosophie- il cherche une sagesse capable de lui communiquer le secret du sens de la vie et de ses crises. Le monde lui semble bien froid : quel feu est capable de réchauffer son cœur ?

A 24 ans il découvre les richesses de la Bible, qu’il ne connaissait alors que pour ce que chacun en disait, c'est-à-dire peu de choses somme toute. C’est alors que Dieu commence à briller et à parler à son cœur !

A 25 ans, il décide de consacrer une année à visiter le berceau des autres grandes religions, car « la vérité d’une voie religieuse se mesure aussi à l’empreinte indélébile qu’elle donne à la société où elle s’établit ». Voyager seul donne le loisir d’une disponibilité qui devient vite « initiatique », pourvu que l’on s’y prête. L’Afrique, pour l’animisme et l’Islam d’une part, et l’Asie (l’Inde), pour l’hindouisme et le bouddhisme d’autre part, lui permettront de mieux comprendre la profondeur et l’équilibre unique de la sagesse de Jésus Christ. Les voyages forment la jeunesse !

Après trois ans de rencontres, d’échanges intenses avec d’autres croyants, et d’une courte vie professionnelle, Philippe reçoit l’appel du Seigneur à mener une vie consacrée à la vérité et à l’amour. La grâce passe ; qui sait la saisir n’a plus qu’à se laisser conduire par elle : tout devient alors de plus en plus simple.

Il entre à 28 ans dans la communauté N-D de la Sagesse, petite communauté sacerdotale fondée en 1974 par le P. Ebrard, alors responsable du foyer de charité de Poissy. Il y restera 4 ans. La spiritualité de Marthe Robin (stigmatisée morte en 1981) est celle de la Passion de Jésus Christ. Philippe commence ses études de théologie à l’université pontificale de Fribourg, en Suisse, tenue par les dominicains.

La communauté N-D de la Sagesse est alors en profonde mutation. Intermédiaire entre la vie sacerdotale et la vie religieuse, les événements obligent ses membres à opter pour la dimension strictement sacerdotale.

Philippe ressent au contraire en son cœur une inclination toujours plus intense vers la vie religieuse. Il recherche une congrégation où la vie contemplative et la vie apostolique aient chacune une place suffisante ; la Passion doit en être le ciment. C’est ainsi que sous la conduite du Seigneur, et de son directeur spirituel qui connaît « une bonne adresse », il décide d’entrer chez les passionistes.

Il effectue son noviciat en Italie. Puis il complète sa formation à Rome, à l’Angelicum, université pontificale tenue par les dominicains. Il obtient ainsi une licence de théologie biblique en 1996. Son provincial lui demande alors de venir en Gironde s’occuper de la « gestion matérielle » du sanctuaire de N-D de Verdelais, animé par une communauté passioniste.

Ordonné prêtre en 1998, Philippe peut enfin commencer à s’initier à la prédication et à l’accompagnement spirituel, deux « activités » sacerdotales essentielles pour Paul de la croix.

En 2001, il obtient de se rendre dans le diocèse de l’Aude, pour prendre en charge l’animation du sanctuaire marial N-D du Cros*, et surtout pour s’enraciner davantage dans la vie contemplative.

Pendant 3 ans, il mène ainsi une expérience de vie érémitique au cours de laquelle il approfondira la spiritualité de la Passion, ainsi que son annonce.

Depuis un an, un autre religieux passioniste est venu le rejoindre à N.D. du Cros.

C’est le début de la vie communautaire.

C’est peut-être aussi le début du retour à la Règle qui fut inspirée par le Seigneur à st Paul de la croix en 1720 au cours de ses 40 jours de désert, et sur laquelle s’est bâtie et a reposé durant deux siècles toute la spiritualité de la congrégation passioniste …

Par tous ces signes de la Providence divine, qui jalonnent son chemin de foi, auxquels s’ajoutent sa persévérance et son obstination …le P. Philippe Plet apparaît bien comme le véritable disciple de st Paul de la croix.

 

 

* Le sanctuaire N.D. du Cros ressemble étrangement aux ermitages (appelés « Retraites ») que par le dessein du Seigneur st Paul de la croix « trouvait », et qu’il transformait selon les intuitions divines qu’il recevait.

 

 

 

3.2.Le mouvement spirituel initié par le P. Philippe Plet.

 

 

 

« La Passion doit devenir le centre de notre oraison (prière du cœur), afin de pénétrer dans notre cœur ; la solitude est un éloignement des valeurs du monde, qui ne peuvent voir dans la croix qu’un signe de malédiction ; la pauvreté est le dépouillement de soi (purification de son Ego), si nécessaire pour aimer. Ce mouvement spirituel, encore modeste, se propage parmi des laïques et des religieux désireux d’absolu ». P. Philippe Plet

 

 

 

Le propre d’un fondateur est de rassembler des richesses spirituelles, afin de les partager ensuite entre ses enfants. On donne le nom de « charismes » à ces grâces initiales que Dieu s’engage à rendre permanentes dans la vie consacrée.

La vie religieuse est une alliance entre Dieu et le fondateur.

La « Règle » est en quelque sorte le contrat qui définit les modalités de la réception et de la « redistribution » de la grâce. Il est donc fondamental de bien connaître le patrimoine spirituel d’une congrégation, afin d’en tirer efficacement la nourriture qui fait vivre.

 

La crise inouïe de l’Eglise, qui suivit le concile Vatican II*, en Europe particulièrement, impressionna le P. Philippe Plet qui se souvint d’un avertissement explicite du fondateur dans son « Testament spirituel ». Sur son lit de malade, quelques mois avant sa mort, Paul de la croix déclara :

 

« Je recommande à tous, et particulièrement à ceux qui rempliront la charge de supérieur, de veiller à ce que fleurisse toujours plus dans la congrégation l’esprit de l’oraison, l’esprit de la solitude et l’esprit de la pauvreté. Soyez alors certains que si ces trois aspects sont préservés, la Congrégation brillera comme un soleil, en présence de Dieu et devant les nations ».

 

Grande est la tonalité prophétique de cette recommandation. C’est pourquoi, la reprenant à la lettre, le P. Philippe en fit l’étendard d’un retour à la source de la congrégation. Un ressourcement paradoxalement adapté au témoignage dans le monde moderne ! « C’est au Ciel qu’il faut aller chercher l’amour véritable, afin de le faire venir sur la terre. La Passion est l’ascenseur qui permet au cœur de l’homme de s’élever facilement jusqu’au Cœur de Dieu », affirme-t-il à partir de son expérience personnelle.

 

Privée d’un des trois piliers fondamentaux (oraison, solitude, pauvreté), la référence à la Passion de Jésus ne peut être véritablement féconde.

 

Le mouvement spirituel initié par le P. Philippe Plet constitue donc un retour aux valeurs contemplatives qui firent la force et l’efficacité de la spiritualité passioniste.

 

 

 

*Les Constitutions de 1984, fruits d’une relecture officielle de la Règle de st Paul de la croix, effectuent une coupe sombre des valeurs contemplatives si appréciées du fondateur. Tandis que la vie passioniste était fortement identitaire depuis les origines, la majorité des passionistes de la période post-conciliaire (à partir des années 60) professèrent une spiritualité de « l’enfouissement ». Beaucoup de religieux renoncèrent au port de l’habit, jugé trop visible et trop connoté. C’était aussi l’époque où, dans le domaine théologique en général, on célébrait avec enthousiasme la « théologie de la mort de Dieu », au profit de la « vie du monde ». Malheureusement, la mort de Dieu (au sens culturel) ne profite pas plus au monde que la mort spirituelle du monde ne profite à Dieu !

 

 

 

3.3.Notre-Dame du Cros : une « Retraite paulicrucienne ».

 

 

« … nos saintes Règles nous demandent, après les missions, exercices spirituels, etc, de retourner immédiatement dans les Retraites de notre solitude, afin de recueillir notre esprit « dans la prière et le jeûne ». Soyez bien persuadé, cher Père, qu’un ouvrier évangélique, ami de la solitude et détaché de toute chose créée, donne plus de fruits que mille autres, qui ne sont pas ainsi ».

 

 

Paul de la croix, qui était un mystique très concret, a défini avec beaucoup de minutie les lieux matériels où devaient vivre les passionistes. Ces lieux sont proportionnés au but poursuivi : l’union à Dieu dans la solitude  et le silence.

 

La solitude.

Le mot « Retraite », choisi pour désigner les maisons des passionistes, se réfère à l’idée d’un lieu retiré, solitaire. Paul de la croix insistait sur cet aspect, même quand il parlait de l’efficacité de la prédication.

 

« La Retraite du Cros répond à cette solitude voulue par Paul de la croix. Elle se trouve à 2 km du village. La maison que nous occupons est petite, simple et pauvre, comme celles voulues par notre fondateur, où « solitude » devait rimer avec « simplicité ». Elle ressemble à ces ermitages, que Paul agrandissait pour les rendre aptes à recevoir une communauté ». P. Philippe Plet

 

Paul de la croix choisissait les lieux naturels les plus propices à la louange du créateur. La beauté des paysages était très importante pour lui. Loin de la considérer comme un luxe, il pensait que la beauté de la nature était un don de Dieu, destiné à aider tous les hommes à se tourner vers les Cieux. La Retraite du Cros répond à cette exigence spirituelle. La forme de prière qui s’y adapte est « la promenade solitaire », exercice spirituel que Paul imposait deux fois par jour aux religieux dans les Retraites. La promenade solitaire doit être une prière.

 

« Il est incontestable que la pratique quotidienne de cette prière, affective et admirative, produit des fruits de simplification intérieure. La nature a cette vertu de nous aider à nous souvenir que nous sommes enfantés de Dieu, malgré notre matérialité. Elle nous dit avec insistance combien Dieu prend plaisir à la louange de ses créatures ! Enfin, elle nous aide constamment à ne pas nous arrêter à nous-mêmes, mais à entrer en communion avec elle ». P. Philippe Plet

 

Le silence.

Le silence est un aspect essentiel d’une Retraite passioniste. Silence matériel et silence intérieur. Le soliloque, ce dialogue intérieur avec soi-même, doit évoluer vers le dialogue intime avec Dieu. Etre silencieux, c’est écouter. Il faut apprendre à prêter l’oreille à la création qui nous parle de Dieu, et nous préparer de la sorte à entendre nous-mêmes la divine mélodie de son Cœur. La pratique de l’oraison, cette prière silencieuse du cœur à Coeur, est le point d’orgue de l’attention amoureuse. Le silence doit être une attention d’amour !

 

« Au Cros, la télévision ou la radio sont bannies impérativement ; on s’informe par le journal ».

 

A Notre-Dame du Cros, le silence est la règle. L’hiver, ou l’été lorsque vient le soir et que sont partis les amoureux de ce site exceptionnel, la Retraite est plongée dans le silence, la paix et le recueillement.

 

 

 

 

QUATRIEME PARTIE :

 

 

PRIER 15 JOURS AVEC ST PAUL DE LA CROIX :

ESQUISSE D’UN CHEMIN PASSIONISTE

 

 

4.1.De l’appel à la croix : quinze jours d’ascension vers l’amour absolu

 

L’ouvrage synthétise la spiritualité de st Paul de la croix, telle qu’elle nous est parvenue essentiellement par sa correspondance à ses dirigés. Pour ce faire, l’auteur a adopté la forme d’un crescendo thématique, qui embrasse les grandes étapes de la vie intérieure, signalées par Paul de la croix en ses divers écrits.

 

Premier jour : l’appel

Le point de départ est l’appel. Dieu se fait sentir doucement et indirectement, en suscitant dans le cœur des désirs spirituels : désir de prière, désir aussi de faire partager à d’autres une soif de Dieu. Paul nous enseigne la valeur de ces effluves d’un parfum encore diffus, qui nous parle d’un « ailleurs » encore inconnu.

 

Deuxième et troisième jours : Eucharistie et création

Il convient donc de s’ancrer là où Dieu manifeste de manière sensible sa présence dans le monde : par le sacrement de l’eucharistie (2ème jour), et à travers la création (3ème jour).

 

Quatrième jour : l’oraison

Tel est le moyen par lequel la prière peu à peu s’intériorise ; et qui ainsi, peu à peu, nous fait  passer de la prière vocale à l’oraison silencieuse.

 

Cinquième jour : l’oraison est un cœur à Coeur

La découverte de l’oraison, conçue comme un cœur à Cœur de l’homme avec le Seigneur, marque un moment important de l’itinéraire de l’âme vers Dieu : « Pour Paul de la croix, le cœur est la faculté contemplative par excellence. Dans la personne de Jésus, ce n’est ni son visage ni son corps, mais c’est bien son Sacré-Cœur qui recèle le feu d’amour pur, objet de la contemplation amoureuse de l’âme ».

 

Sixième jour : la méditation de la Passion

Ce cœur à Cœur engendre de lui-même généralement les premières méditations de la Passion. Paul de la croix propose de les systématiser par des « colloques sur la Passion » : « Il s’agit d’un dialogue d’amour avec Jésus. Les exclamations de Paul nous dévoilent toute une gamme de sentiments qui jaillissent en son coeur : l’admiration, la reconnaissance, la contrition, le désir d’aimer toujours plus, et de souffrir davantage pour être plus intimement uni à celui qui sur la croix souffre du non amour des hommes. Dans cet entretien intérieur, le cœur de Paul s’échauffe progressivement. C’est comme s’il se tenait « physiquement » au pied de la croix, conscient de l’identité et de la mission du divin condamné, ce que la foi lui permet pleinement de connaître ».

 

Septième jour : épreuves et tentations

Les épreuves et les tentations dans l’oraison inaugurent une maturité nouvelle dans la foi. Elles nous purifient en nous détachant de nous-mêmes.

Puis elles nous unissent à Dieu en nous permettant une communion aux sentiments de Son Cœur.

 

Huitième jour : la nudité intérieure

L’âme connaît alors l’état de la « nudité intérieure ». Cette connaissance de soi permet aux personnes de dénouer bien des liens qui les emprisonnaient à la périphérie d’elles-mêmes.

 

Neuvième jour : le fond de l’âme

Les personnes qui accèdent à cette connaissance peuvent de la sorte découvrir ce que Paul nomme « le fond de l’âme » : « La purification de la nudité intérieure … conduit l’âme petit à petit au plus profond d’elle-même. « Connais-toi toi-même » ! Le précepte de Socrate pourrait résumer la finalité d’une sagesse toute humaine. Mais, à la suite de Jésus, nous avons appris à dire : « Connais Dieu ; il t’enseignera qui tu es » ! Le Seigneur est le seul qui puisse véritablement nous révéler notre propre mystère. Et comment ? En nous faisant passer de la périphérie de notre être jusqu’en son centre ».

 

Dixième jour : la mort mystique

Le fond de l’âme se trouve être le lieu choisi par Dieu pour opérer une étape décisive, qui conduira à une transformation intérieure radicale : la « mort mystique » en vue de la « divine nativité ». « La mort mystique est une agonie d’amour. Mourir d’amour ! Voilà qui peut paraître un peu excessif quand on songe à l’expérience religieuse commune. Mais c’est une chose d’en parler, et même de l’envisager ; c’en est une autre de la vivre. Car la réalité se présente sous la forme d’une nuit bien profonde. Personne ne meurt avec facilité. Cependant, quelle mort bienheureuse que cette mort d’amour ! ».

 

Onzième jour : notre « rien » et le « Tout »

Le résultat de la mort mystique est une conscience nouvelle, que Paul de la croix exprime par l’image des deux infinis, le petit et le grand : la personne se découvre comme « rien » face au « Tout » divin. Etre « rien » devient une béatitude : « Cette humble conscience de soi n’est pas un obstacle à l’épanouissement de l’âme en Dieu. Je dis bien de l’âme, pas du Moi qui, lui, est mort au cours de l’agonie d’amour … Il ne souffre donc plus, ce Moi qui nous fit tant souffrir ! L’âme, dès lors, peut se perdre en Dieu ».

 

Douzième jour : les parfums du Crucifié

Débute alors la divine métamorphose des ténèbres en radieuse lumière ! C’est la saison intérieure de l’amour fou : « Nous ne pourrons jamais comprendre véritablement l’impétuosité du désir divin envers les âmes. Paul compare « les touches de l'amour de Dieu » à une course derrière les parfums divins. Cette métaphore, il la puise dans le Cantique des cantiques: « Tes parfums ont une odeur suave, ton nom est une huile épandue; c'est pourquoi les jeunes filles t'aiment. Entraîne-moi après toi; courons! » (Ct 1,3-4). Tandis que la nuit paraît être le royaume de l’immobilisme, les touches d’amour de Jésus nous mettent radicalement en mouvement. Le parfum du Seigneur, c’est l’évidence de sa présence, de son amour, de son désir de nous emporter dans son Cœur. Alors l’âme se met à courir soudainement hors d’elle-même. Quelle sensation inoubliable ! Quelle exquise élévation au-dessus de soi ! Quelle perte délicieuse et quelle ivresse ! ».

 

Treizième jour : la Passion de Jésus soit toujours en nos cœurs !

Le but de Jésus est d’imprimer dans les âmes une mémoire permanente de sa Passion, afin de les unir en lui de façon permanente : « L’âme toute embaumée des parfums du Crucifié, et désormais présente avec son parfum au Cœur de Jésus, il ne reste au Seigneur qu’à imprimer en elle son sceau. Ainsi conquise, elle peut désormais se donner sans retour. Telle est la prière finale de l’épouse du Cantique des cantiques : « Pose-moi comme un sceau sur ton cœur » (Ct 8,6). C’est le signe de sa Passion d’amour que Jésus veut imprimer en notre âme ».

 

Quatorzième jour : vers la fin de la nuit

L’union étant réalisée, le dépassement des apparences illusoires a conduit à une compréhension nouvelle des êtres et des choses : en tout elle voit Dieu et sa divine volonté.

 

Quinzième jour : naissance d’une congrégation

Paul de la croix ne reçut pas seulement pour lui-même ces grâces transformantes : il reçut aussi la mission de les proposer aux hommes. Il savait par expérience que les merveilles de la vie intérieure ne sont pas réservées à quelques tempéraments particuliers, mais que Jésus veut les offrir à tous.

La méditation de la Passion est la voie royale de cette multiplication du pain de vie !

 

 

 

4.2.Les grands disciples de st Paul de la croix.

 

 

 

Nous présentons ici, par ordre chronologique, quelques-unes des grandes figures façonnées par la spiritualité passioniste.

Une exception à l’ordre chronologique : ste Gemma Galgani.

L’intensité de son expérience de la mystique de la Passion lui confère une place toute particulière, immédiatement après Paul de la croix.

 

 

Sainte Gemma Galgani (1878-1903) : Gemma est vraiment le modèle de la vie « verticale », et en ligne droite.

Née le 12 mars 1878 près de Lucques (Italie), elle montre bien vite quel tempérament passionné le Seigneur lui a donné. A huit ans elle perd sa mère, non sans que fort délicatement Jésus lui en demande la permission, sous la forme d’une voix intérieure pendant la messe : «Tu veux bien me la donner ta maman»? «Oui, répondit-elle, mais si vous me prenez moi aussi»! La voix continua: «Non, donne-moi donc volontiers ta maman. Je la conduirai au Ciel tu sais. Mais toi pour l'instant tu dois rester avec ton papa. Tu me la donnes volontiers»? Gemma nous confie elle-même: «Je fus bien obligée de répondre que oui ».

Ainsi allait se développer en son cœur un ardent désir du Ciel. Sa première communion en fut une intensification. La première communion fut vraiment pour elle une expérience extraordinaire, celle d'une véritable rencontre avec Jésus, qu'elle exprimera plus tard ainsi à son directeur spirituel: «Papa (son père spirituel), ce qui se passa entre moi et Jésus à ce moment, je ne peux l'exprimer. Jésus se fit sentir très fort à ma pauvre âme. En cet instant, je saisis que les délices du ciel ne sont pas comme ceux de la terre. Je me sentis prise du désir de rendre continuelle cette union avec mon Dieu. Je me sentais de plus en plus détachée du monde et portée au recueillement. Ce fut ce matin-là que Jésus me donna le grand désir d'être religieuse».

Ce jour n'était pas comme les autres: c'était le vendredi 17 juin 1887, fête du Sacré Coeur!

A 19 ans elle perd son père. Un an plus tard, tombée gravement malade, elle est guérie miraculeusement. Commencent alors les manifestations sensibles de Jésus.

Le 8 juin 1899, lui est accordée la grâce des stigmates. Dorénavant, chaque vendredi elle sera en union de façon sensible et très intense avec Jésus crucifié.

A la fin de ce même mois de juin, les passionistes vinrent prêcher une mission à la cathédrale. S’y étant rendue, elle reconnaît l’habit religieux qu’elle a vu dans ses visions. Jésus lui dit intérieurement : «Gemma, cet habit dont le prêtre est revêtu, te plaît-il» ? (Il m'indiquait un passioniste qui se trouvait non loin de moi). Je n'avais pas besoin de paroles pour répondre à Jésus: les battements de mon coeur parlaient suffisamment. «Cela te plairait-il, ajouta Jésus, d'être toi aussi revêtue du même habit» ? «Mon Dieu ! », m'exclamai-je... «Et Oui, continua Jésus, tu seras une fille de ma Passion, une fille de prédilection. L'un de ces fils sera ton père. Va et révèle tout... ».

Le P. Germano, passioniste, devenu son directeur spirituel, la place chez les Giannini, qui accueillent Gemma comme une des enfants de la famille. Elle y vivra à l’abri des regards indiscrets, menant une vie familiale et de prière, ce qui lui permettra de suivre totalement le chemin de l’enfance spirituelle et de la Passion de Jésus.

En 1902 elle tombe gravement malade.

Elle meurt l’année suivante, le 11 avril 1903 (samedi Saint !), à l’âge de 25 ans, sans pouvoir réaliser son rêve : devenir moniale passioniste.

Sainte Gemma est la plus grande représentante italienne du culte du Sacré-Coeur.

 

 

 

Le vénérable Jean-Baptiste Danei (1695-1765) : Il est le frère de st Paul de la Croix, co-fondateur de la congrégation Passioniste, et jusqu'à sa mort directeur spirituel de son frère. Dès les débuts, il vit en ermite avec Paul au mont Argentario. Ainsi, il reçoit l'habit noir de pénitence en 1721. Comme Paul, il prêchera des missions toute sa vie ; mais plus théologien, il s'occupera davantage de l'instruction du clergé. En 1744, il s'installe avec cinq religieux à Vetralla, où Paul vient d’inaugurer le deuxième couvent de la toute nouvelle congrégation. Là, il fera des merveilles, et finira par être vénéré par ses religieux, autant et sinon plus que Paul. Il meurt en 1765. Paul de la Croix écrit à cette occasion: «Je reste orphelin et solitaire, sans père. J'ai cependant des raisons de croire qu'il sera notre avocat depuis le ciel ».

 

 

La vénérable Lucie Burlini (1710-1789) : Lucie Burlini naquit en 1710 à Piansano (Italie), près de Viterbe. De famille pauvre, elle exerça chez elle le métier du tissage. Elle fit la connaissance Paul de la croix en 1734, dont elle devint une des dirigées de prédilection à cause de ses dons mystiques hors du commun. Elle avait aussi un grand amour des pauvres, qu’elle aidait de multiples façons. Lucie fut également une bienfaitrice des passionistes, et une représentante de choix de la spiritualité de la Passion diffusée par st Paul de la croix. Elle mourut en 1789.

 

 

La vénérable Mère Marie Crucifiée (1713-1787) : Née à Corneto (Italie) dans une famille « en vue », les Costantini, elle devint bénédictine au monastère de ste Lucia en 1733. Elle y fit sa profession en 1734 sous le nom de sr. Maria Candida Crocifissa. Elle rencontra quelques années plus tard Paul de la croix, qui devint son directeur spirituel. Elle sentait la nécessité d’une profonde union à Dieu, compte tenu des impulsions et des phénomènes mystiques qu’elle vivait: locutions, visions, extases. Elle sera la première supérieure du monastère des moniales passionistes, fondé à Corneto en 1771. Femme d’expérience, formée durant 37 ans à l’école de Paul de la croix, elle jettera avec assurance les fondations spirituelles de la branche féminine des passionistes. Elle meurt saintement en 1787.

 

 

Le vénérable fr. Gianiel (1714-1750) : Fr. Gianiel est né en Suisse, dans un canton fidèle au catholicisme. C’est un robuste montagnard sans fausseté. En 1730, il s’expatrie en Italie pour y travailler : d’abord à Rome, puis à Pieve, où il rencontre Paul de la croix en 1742. Son noviciat ne durera que 25 jours. Il fait sa profession en janvier 1743, prenant le nom de fr. Giacomo di S. Luigi (fr. jacques de st Louis). Il exercera merveilleusement toutes les tâches dévolues aux frères laïques: menuisier, cuisinier, portier et infirmier. En 1744, il fait partie du groupe qui fonde la Retraite de Vetralla ; puis celle du Cerro en 1748. Il meurt en 1750 d’une «fièvre maligne». Il est un visage typique de la sainteté du groupe des premiers compagnons de st Paul de la croix : une sainteté de contemplatif, cachant jalousement son secret sous une humilité d’un autre monde.

 

Saint Vincent Marie Strambi (1745-1824) : Il est né en Italie en 1745. Après son ordination sacerdotale, il entre chez les passionistes, où il s’adonne avec succès au charisme apostolique de la toute jeune congrégation : la prédication itinérante et populaire. Il écrit plusieurs ouvrages de dévotion, fort appréciés. Grand directeur spirituel, il assiste entre autres st Gaspar de Bufalo et la bienheureuse Anne-Marie Taigi. Il rédigera la première "vie de st Paul de la croix", à genoux, comme le fit avant lui st Bonaventure pour st François d'Assise. Sacré évêque de Macerata, il se consacre à la réforme du clergé et du peuple. Sa charité envers les pauvres est infatigable. Le pape Léon XII l'appelle auprès de lui pour devenir son conseiller. Il meurt à Rome en 1824.

 

Bienheureux Laurent Marie Salvi (1782-1856) : Le bienheureux Marie de st François de Saverino est né à Rome en 1782. En 1802 il fait sa profession religieuse et devient prêtre en 1805. Supérieur vigilant, il est un prédicateur itinérant et populaire, à la manière de st Paul de la croix. Apôtre de l'enfance de Jésus, et propagateur de cette spiritualité, il meurt en 1856, comme un véritable enfant de Dieu.

 

Bienheureux Dominique de la Mère de Dieu (1792-1849) : Dominique Barberi est né près de Viterbe (Italie) en 1792. A 22 ans, il abandonne les travaux des champs, pour entrer chez les passionistes, où il manifeste des dons exceptionnels aux plans intellectuel et spirituel. Prêtre, il s'adonne intensément à l'enseignement, au ministère de la parole, à la direction spirituelle, et à la rédaction de nombreux écrits philosophiques, théologiques et pastoraux. De Rome, il est envoyé en Belgique en 1840, puis en Angleterre en 1842. C'est lui qui accompagne le cardinal Newman dans sa démarche de conversion, qui le conduira de l'anglicanisme jusque dans l'église catholique. Dominique meurt en 1849, à Sutton, où sa tombe devient un lieu de pèlerinage pour les catholiques anglais.

 

Bienheureux Charles Houben de st André (1821-1893) : Charles de st André est né en Hollande en 1821. En 1845, il entre au noviciat au couvent d'Ere, en Belgique. Prêtre en 1850, il est désigné pour la nouvelle fondation passioniste d'Angleterre, où le bienheureux Dominique Barberi est mort depuis peu. A l'exemple de ce dernier, véritable apôtre de l'oecuménisme, Charles Houben travaille activement au bien des âmes et à l'unité de l'église, en Angleterre puis en Irlande, où il meurt en odeur de sainteté en 1893. Il se distingua particulièrement dans son apostolat des bénédictions et des confessions, au point d'être surnommé : "le saint de Mount Argus" (son couvent).

 

Bienheureux Bernard-Marie Silvestrelli (1831-1911) : Né à Rome en 1831 dans une très grande famille, et devenu prêtre en 1855, il fait sa profession chez les passionistes en 1855 au noviciat de Morrovalle, où il eut pour compagnon st Gabriel de l'Addolorata. Appelé très vite à d'importantes fonctions dans la congrégation passioniste, il en devient le supérieur général dans les années 1878-1889 et 1893-1907. Dans un climat historique très difficile pour l'Eglise, il parvient à donner un extraordinaire élan de diffusion de la congrégation dans le monde entier. Sous son gouvernement, le nombre des religieux de la congrégation est multiplié par deux. Il renouvelle entre autres la formation des religieux. Pour ces raisons il fut surnommé "le second fondateur". Il meurt en 1911.

 

Saint Gabriel de la Vierge des Douleurs (de l’Addolorata) (1838-1862) : François Possenti est né en 1838 en Italie, à Assise, où il fait de brillantes études. A l'occasion d'une procession d'une icône de la Mère de Dieu, il entend intérieurement l'appel de la Vierge Marie pour devenir religieux.

Il entre à 18 ans dans la congrégation passioniste, au noviciat de Morrovalle. Sa dévotion mariale hors du commun purifie rapidement ce jeune homme, pieux jusqu'à l'héroïsme.

Il meurt, malade, au couvent du Gran Sasso en 1862. Lors des prières adressées à st Gabriel, de nombreux miracles ne tardent pas à s'opérer.

Un immense sanctuaire (plus de deux millions de visiteurs chaque année) lui est aujourd'hui consacré.

En 1926, il fut déclaré patron de la jeunesse italienne.

Il est aussi le saint patron des noviciats religieux.

 

Bienheureux Pio Campidelli (1869-1889) : Pio de st Louis est né en 1869 en Italie. Il fait sa profession religieuse au couvent de ste Marie de Casale. Il mène durant sept ans une vie religieuse exemplaire ; mais la maladie l'empêche d'accéder au sacerdoce. Il meurt en 1889.

 

Bienheureux Isidore de st Joseph (de Loor) (1881-1916) : Isidore de st Joseph est né en 1881 en Belgique. Agriculteur, il entre à 26 ans chez les passionistes, à Ere, où il fait sa profession religieuse en 1908. Il y mène une belle vie de prière et de pénitence, en s'occupant de la cuisine pour ses frères. En 1911, une tumeur lui fait perdre l'oeil droit. Il meurt en 1916, âgé de 35 ans, laissant derrière lui la nostalgie d'une simplicité aimante envers Dieu et envers ses frères.

 

Bienheureux Grimoualde de la Purification (Santamaria) (1883-1902) : Grimoualde est né en Italie en 1883. Depuis l'enfance, il vit sous l'influence de la Vierge Marie ; il s'inscrit à la confrérie de l'Immaculée, où il mène un bel apostolat auprès des enfants de son âge. En 1900, âgé de 17 ans, il émet ses voeux de religieux chez les passionistes, et suit les études préparant au sacerdoce, à Ceccano. Deux ans après sa profession religieuse, il est frappé d'une méningite aiguë. Tout joyeux, il remet sa vie à Jésus, par Marie, et meurt en 1902.

 

Sainte Maria Goretti (1890-1902) : Elle est née à Corinaldo (Italie) en 1890. Peu après sa naissance, sa famille s'installe près de Nettuno. Son père, agriculteur, meurt de la malaria. Marie devient alors un grand soutien pour sa mère. Le drame la guette en 1902: agressée, elle préfère affronter la mort plutôt que de renoncer à sa virginité, consacrée à Jésus. Son agresseur la cribla de nombreux coups de couteau. Avant de mourir elle lui pardonna. Elle avait 12 ans ! Ce meurtre fit grand bruit en Italie. Pie XII la canonisa en 1950, comme vierge et martyre.

 

Saint Innocent Canoura (1887-1934) : Innocent de l'Immaculée est né en Espagne en 1887. Il devient passioniste en 1905 sous le nom de Inocencio de la Immaculada ; et prêtre en 1920. Au cours de la révolution des Asturies, en 1934, tandis qu'il célébrait la messe, il est arrêté et fusillé à cause de sa foi.

Un mois seulement avant son martyre, en septembre 1934, il rejoint la communauté des Pères Passionistes de Mieres, qui assurent le service pastoral des Frères de Turon, non loin de là. Il devient leur con­fesseur et directeur spirituel. Le Jeudi 4 octobre, veille de l’arrestation des Frères, il arrive à Turon afin célébrer avec les élèves le premier Vendredi du mois. Le lendemain, alors qu’il célèbre la messe, il est arrêté en même temps que les Frères. Il est emprisonné et fusillé avec eux le mardi suivant, 9 octobre 1934.

 

 

Bienheureux Nicéfor Tejerina et ses 25 compagnons (morts en 1936) : La République en Espagne était en crise. En 1936, l'assassinat de Calvo Sotelo déclenche le mouvement «d'insurrection nationale»: c'est la guerre civile, qui dévorera l'Espagne jusqu'en 1939. Les atrocités sont le lot de ces périodes de folie collective. Le clergé est visé particulièrement par les républicains. Parmi les provinces les plus touchées du pays, on compte celle de Ciudad Real, où se trouvait le monastère Passioniste de Daimiel. Cette province vécut l'assassinat de 40% de son clergé.

Le P. Nicéfor de Jésus est alors le provincial des Passionistes de cette région. Il est rentré spécialement d'Amérique Latine, où il visitait les maisons des passionistes, pour assister ses religieux en danger en Espagne. Il se rend sciemment à Daimiel, où ils sont le plus menacés. Comme supérieur, c'est lui qui les aidera à franchir le pas du martyre. Saisis violemment, de nuit, dans leur couvent de Daimiel en 1936, ils seront exécutés par groupes, à cause de leur foi en Christ. 26 des 31 religieux de la retraite de Daimiel tombent ainsi sous les balles. La plupart d'entre eux sont des jeunes gens qui se préparent au sacerdoce, et qui ont entre 18 et 23 ans. Tout comme les prêtres et les frères plus âgés qui les accompagnent, ils sont hors politique, n'étant intéressés qu'à aimer Dieu et leurs frères, à aimer et à donner leur vie pour Celui qu'ils aimaient plus qu’eux-mêmes...

 

Bienheureux Eugène Bossilkov (1900-1952) : Il est né en 1900 en Bulgarie, dans une famille de modestes paysans. A 11 ans, il entre au séminaire des passionistes, puis au noviciat, où il prend le nom d'Eugène du Sacré-Coeur. Il fait sa profession religieuse en 1920, puis est ordonné prêtre en 1926. En 1934 il devient curé de la grosse paroisse de Bardarscki-Gheran. Il se révèle alors un prédicateur brillant, que les autres paroisses, et mêmes les autres diocèses, réclament régulièrement. Durant la seconde guerre mondiale il sauve la vie à nombreux juifs. Mais cette solidarité avec les persécutés n'était que le présage d'une communion plus précise. En effet, en septembre 1944, les soviétiques envahissent le pays, et cette fois ce sont les catholiques qui vont être pourchassés de ville en ville par une haine implacable. Les persécutions s'intensifient à partir de 1946: sur la demande de son évêque, le P. Bossilkov prêche alors une mission populaire dans toutes les paroisses, afin d’affermir les catholiques dans leur foi, tandis que les communistes mènent une intense campagne antireligieuse. En 1947, Eugène Bossilkov devient évêque de Nicopoli, et en même temps la cible de la police politique. Lors d'une visite à Rome, en 1948, dans la basilique de Sainte Marie Majeure, à un passioniste qui lui demande le motif de sa visite, il répond: "J'ai besoin d'une grande grâce: mourir martyr pour mon diocèse. Seule Notre-Dame peut me l'obtenir". Malgré plusieurs tentatives pour l'empêcher de retourner dans  son pays, il s'obstine à vouloir souffrir avec ses frères catholiques. De fait, il est arrêté en juillet 1952. Avec d'autres prêtres, il subit des tortures aussi nombreuses que gratuites. Finalement la haine des communistes bulgares éclate totalement dans un procès "contre l'organisation catholique subversive". Bossilbov est condamné à mort et exécuté le 11 novembre 1952. Il a le visage d'un homme simple, fidèle à la vérité, refusant les prostitutions morales faciles ; et son coeur est doux comme celui du premier de tous les martyrs, Jésus, l'Agneau du Père.

 

 

 

CINQUIEME PARTIE :

 

NOUVELLE CITE :

UN EDITEUR DES CHEMINS DE DIEU

 

 

 

 

 

 

 

Issues du Mouvement des Focolari, actif dans les domaines interreligieux et interculturels, dont la fondatrice est Chiara Lubich, les éditions Nouvelle Cité sont nées en 1957 avec le mensuel « Nouvelle Cité ».

Rapidement paraissent les premiers livres ; puis, en 1981, le trimestriel « Connaissance des Pères de l’Église ».

 

 

Aujourd’hui

 

Les éditions Nouvelle Cité, qui comptent plus de 300 titres disponibles, publient une vingtaine de nouveautés par an.

Outre les oeuvres de Chiara Lubich, Nouvelle Cité publie l’intégrale des Écrits Spirituels de Charles de Foucauld.

Nouvelle Cité s’adressant également au grand public, avec des ouvrages accessibles, on y trouve des best-sellers tels que « Premiers pas dans la prière », du cardinal Lustiger, « Transmettre l’amour », du Docteur  Paul Lemoine, « Requiem pour Nagasaki », de Paul Glynn, « Jésus  le Maître de Nazareth », d’Alexandre Men.

En 2004, à l’occasion du centenaire de la naissance de Madeleine Delbrêl, Nouvelle Cité a entrepris la publication de ses œuvres complètes.

La collection “Prier  15 jours”, qui sort aujourd’hui « Priez 15 jours avec st Paul de la croix », compte plus de quatre-vingt titres.

 

 

Et aussi …

 

En plus de la production et de la diffusion d’ouvrages spirituels, Nouvelle Cité, en cohérence avec ses origines et ses convictions, apporte sa contribution au débat spirituel, culturel, économique, social et politique.

Nouvelle Cité prend aussi une part active à l’organisation de colloques et conférences, notamment en accompagnant les auteurs lors du lancement et de la promotion de leurs ouvrages.

 

 

Ainsi,  les éditions Nouvelle Cité occupent depuis 48 ans une place importante dans le panorama de l’édition religieuse francophone.

 

 

 

www.nouvellecite.fr